Qu’est-ce que la macrophoto ?

Depuis quelques années, j’ai commencé à m’initier à la macrophotographie. De quoi s’agit-il ? Tout simplement photographier ce qui est tout petit. On considère qu’une prise de vues relève de la macro à partir d’une échelle de 1:1. Cela signifie que l’image présente sur le capteur (ou le film) est de taille égale ou supérieure à la taille réelle du sujet. Il s’agit du grandissement (ou rapport de reproduction).

Une fourmi mesurant 3 millimètres produira une image de 3 millimètres sur le capteur au rapport 1:1. Si votre objectif le permet, vous pourrez photographier cette fourmi au rapport 2:1. Cela signifie qu’elle mesurera 6 millimètres sur votre capteur, c’est à dire 2x plus grande qu’en réalité.

Sauterelle verte sur fleur rouge - Macrophotographie©Florent Chatroussat, Infotographiste

Où trouver des sujets macro ?

L’avantage de la macrophotographie, c’est qu’il suffit de se baisser vers le sol ou de se pencher sur de la végétation pour trouver des sujets immédiatement. Sortir dans son jardin permet déjà de produire un nombre considérable de photographies macro tant les petites bêtes pullulent. À vous de les trouver !

Si vous ne disposez pas d’un jardin, il vous suffira de vous promener dans la campagne ou en forêt pour découvrir des centaines de sujets à photographier : feuilles, fleurs, insectes, araignées…

Vous pouvez également réaliser des prises de vues d’objets inanimés tels que des bijoux, montres, figurines etc. Il s’agit d’un excellent exercice sur des objets statiques, où maîtriser les paramètres de prises de vues sera plus facile.

Montre Chronographe Exactus - Macrophotographie©Florent Chatroussat, Infotographiste

Quelques conseils pour débuter en macrophoto…

Quels sujets pour débuter ?

La macrophotographie est une discipline délicate car le fait de s’approcher très près du sujet nécessite une bonne maîtrise de la technique photographique. On choisira donc en premier des sujets statiques sur lesquels on pourra prendre le temps d’effectuer les réglages.
On privilégiera aussi des sujets pas trop petits pour ne pas se compliquer la tâche.

Une bonne condition physique

La macrophotographie oblige souvent à se pencher, se contorsionner. On sera fréquemment amené(e) à se coucher sur le sol pour une meilleure stabilité, ou pour découvrir un animal caché sous une feuille. Bref, les positions utilisées sont rarement confortables, et il n’est pas rare que j’aie des courbatures le lendemain d’une séance macro. La souplesse sera votre meilleure alliée !
Si vous souhaitez rencontrer de nouvelles espèces animales ou végétales, il vous faudra aussi marcher un peu, parfois dans des endroits inaccessibles. Par conséquent, être en bonne forme est important.

Les bons vêtements

Il est aussi particulièrement recommandé de s’équiper de vêtements suffisamment amples pour conserver toute liberté de mouvement. On les choisira éventuellement épais et résistants si l’on doit évoluer dans un environnement hostile (rocher, épineux…). On privilégiera également des habits auxquels on ne tient pas trop car ils risquent d’être salis ou abîmés parfois.

Étant volleyeur, j’ai parfois utilisé des genouillères pour m’approcher du sol sans trop me faire mal. Des coudières pourront aussi être appropriées.

La patience avant tout !

La macrophotographie est une école de la patience. On le verra plus loin, malgré une technique photographique solide, le nombre de clichés ratés est considérable. Réussir une bonne photo en macro requiert du temps et beaucoup d’essais. L’échec fait partie de l’apprentissage. Mais dites-vous qu’il existe tellement de sujets à photographier que vous ne serez jamais frustré(e) ni en panne d’inspiration.

Une araignée se cache pour voler ses pucerons à une fourmi©Florent Chatroussat, Infotographiste

La prise de vues macro

La mise au point

En macrophotographie, la mise au point est le paramètre le plus difficile à mettre en œuvre. Il faut comprendre que la zone de netteté est souvent réduite à quelques millimètres seulement. Du fait de la forte proximité avec le sujet, de nombreux paramètres peuvent ainsi perturber la mise au point :

  • Vos propres mouvements, aussi infimes soient-ils…
  • Les mouvements du sujet lui-même. Une fourmi est évidemment un cauchemar à photographier. Une araignée, réputée plus calme, bougera si vous vous approchez trop. Une abeille en vol sera toujours difficile à saisir…
  • Le vent constitue aussi un ennemi. Même photographier une petite feuille -normalement statique- deviendra une gageure quand le vent s’en mêle. Et croyez-moi, dans ma région, je le vis malheureusement régulièrement.

L’autofocus ne vous est pas d’un grand secours, il devient même un handicap car il ne parviendra pas à maintenir la netteté de manière stable. On préférera souvent fixer la mise au point en fonction du cadrage que l’on souhaite, puis on effectuera des mouvements du corps d’avant en arrière pour ajuster la mise au point dans le viseur. C’est donc la distance avec le sujet qui devient le facteur de mise au point.

La procédure de mise au point se déroule comme suit :

  1. Cadrage du sujet
  2. Mise au point avec la bague de l’objectif
  3. Ajustement de la netteté par de légers mouvements du corps d’avant en arrière

Rappel : pour obtenir la plus grande zone de netteté, il est conseillé de réaliser la mise au point sur le premier tiers de l’image. (Voir leçon sur la profondeur de champ)

La profondeur de champ

Vous l’avez compris, la proximité du sujet réduit drastiquement la profondeur de champ. On aura donc tendance à fermer le diaphragme (aux alentours de f/8 voire F/11) pour agrandir la zone de netteté. La contrepartie sera, évidemment, une vitesse d’obturation plus lente et un risque accru de flou de bougé.
Plusieurs éléments matériels pourront pallier cette difficulté :

  • Un appareil qui supporte la montée en sensibilité sans trop accroître le bruit numérique
  • Un boîtier ou un objectif stabilisé
  • Un trépied qui permettra de stabiliser l’image dans le cas d’une prise de vue statique
  • Éventuellement un éclairage d’appoint : flash annulaire, boîte à lumière, lampes led…
Macrophotographie, matériel (Photo de Alex Andrews provenant de Pexels)

Le matériel en macrophotographie

En macro, l’appareil n’est pas la priorité. En effet, même les petits appareils compacts disposent, aujourd’hui, d’un mode macro. Il n’est certes pas toujours au même niveau qu’un objectif dédié, mais ça permet de découvrir la discipline.

L’objectif macro

En macrophotographie, c’est surtout l’objectif qui fait la différence. C’est lui qui vous donnera la possibilité de vous approcher plus ou moins du sujet.
Les objectifs interchangeables en macro sont plutôt onéreux. Par conséquent, on prendra soin de bien choisir celui qui nous correspondra le mieux.

Le choix de la focale

La focale a une importance capitale en macro car elle détermine la distance à laquelle on devra s’approcher du sujet pour obtenir un rapport d’agrandissement adéquat.

En effet, plus la focale sera longue, plus vous pourrez photographier de loin. C’est un réel avantage si votre sujet est du genre craintif. Photographier les insectes ou araignées de très près avec une courte focale n’est pas toujours aisé.
En revanche, une trop longue focale (180 mm par exemple) peut être difficile à mettre en œuvre. Il faut comprendre que la forte proximité du sujet réduit déjà considérablement la profondeur de champ. De ce fait, la mise au point se révèle délicate en macrophotographie. Le moindre mouvement (de votre part ou de votre sujet) vous fait sortir de la zone de netteté. Si vous choisissez, de surcroît, une longue focale, cette dernière sera encore plus réduite, vous aurez donc encore plus de mal à conserver la mise au point tout en déclenchant !

L’ouverture

L’ouverture de l’objectif macro est un autre point crucial. On vient de le voir, le risque de bougé est omniprésent en raison de la forte proximité du sujet. Le moindre mouvement se traduit par un flou rédhibitoire. C’est pourquoi il est primordial que votre objectif dispose d’une bonne ouverture. Celle-ci est en général de f/2.8 voire f/3.5.

La stabilisation

Il s’agit d’un outil particulièrement utile en macrophotographie. On a vu que le moindre mouvement occasionnait un flou de bougé. Par conséquent, si votre boitier ne propose pas de stabilisation intégrée, le choix d’un objectif stabilisé peut être opportun. Il vous facilitera grandement la vie !

Le boîtier : des outils supplémentaires

Si l’objectif est l’élément prépondérant pour la macrophotographie, il n’en reste pas moins que certaines aides à la mise au point présentes sur les appareils numériques récents seront précieuses.

La loupe

Les APN qui disposent d’un viseur numérique proposent presque tous une mode « loupe ». Ce dernier vous permet de zoomer sur une partie précise de l’image afin de vérifier que votre mise au point est bonne.

Le focus peaking

Il s’agit là d’une aide particulièrement utile en macrophotographie. Dans votre viseur numérique, l’appareil vous restitue, par un nuage de points qui se superpose à l’image, l’endroit exact où s’effectue la mise au point. Vous pouvez ainsi vérifier que vous avez effectué la MàP sur l’œil d’un insecte plutôt que sur son dos, par exemple.

Les bonnettes et tubes-allonges : la macro pas chère

La bonnette : la macro du pauvre

La bonnette est comme une sorte de loupe qui se présente comme un filtre et vient se visser sur la lentille frontale l’objectif. Celle-ci est un moyen de faire ses premiers pas en macro. Elle a l’avantage d’être bon marché, mais restitue en revanche une image souvent de qualité médiocre, dénuée de piqué.

La bague-allonge ou tube-allonge : où est la lumière ?

Moins onéreux qu’un objectif macro, le tube-allonge vient se positionner entre la monture du boîtier et la bague de l’objectif. Son rôle est d’augmenter le tirage pour une mise au point rapprochée.

Le tirage est la distance qui sépare l’objectif du capteur (ou film). C’est cet élément technique qui prévaut dans la macrophotographie. Un tirage long permet une distance minimale de mise au point très courte.

Si le tube-allonge conserve la même qualité optique à vos images (puisqu’il est dépourvu de lentille), il vous fait perdre toutefois énormément de lumière entre l’objectif et le capteur. Par conséquent, il altère la visée et augmente le risque de flou de bougé. Il sera plus facile à utiliser sur des sujets statiques, ou dans des conditions de fort éclairement.

Trépied ou pas ?

Personnellement, je ne recommande le trépied que dans des conditions de prises de vues particulières :

Prise de vues en studio

Pour des prises de vues d’objets statiques (montres, bijoux, figurines, timbres poste…), avec éventuellement un éclairage en studio, le trépied est la garantie d’une image bien nette et d’une mise au point stable. Il se justifie pleinement.

Sujets statiques

Dans la nature, l’usage du trépied est plus délicate. On l’a vu, on va très souvent être amené(e) à corriger la mise au point avec son corps plutôt qu’avec la bague de mise au point. C’est pourquoi le trépied peut devenir un handicap car il n’autorise plus aucun mouvement de précision. Il ne sera donc adapté qu’à des sujets presque totalement statiques ou pas trop petits. Mais on sort vite du domaine de la macrophotographie…

Un trépied dédié à la macro

Si vous choisissez de vous équiper d’un trépied destiné -entre autres- à la macrophoto, préférez un modèle équipé de ces deux fonctionnalités :

  • possibilité de déverrouiller les pieds pour les déplier à ras du sol
  • possibilité d’inverser la tête/rotule pour une utilisation tête en bas de l’appareil photo

Vous pouvez également choisir un mini-trépied qui vous permettra de travailler près du sol.