Sa vie

La vie de Vivian Maier est, en soi, une énigme. Son travail de photographe l’est tout autant. En effet, ses travaux n’ont été découverts qu’à sa mort.

Née en 1926 à Chicago, il semble qu’elle a toujours été photographe. Née d’un père Autrichien et d’une mère Française, elle réalise ses premiers clichés en 1951 à New-York jusqu’en 1956 où elle part à Chicago.

Dès son plus jeune âge elle effectue des voyages en France où une tante a laissé un héritage. Elle est accompagnée de sa mère et l’une de ses amies Jeanne Bertrand, une photographe déjà reconnue. On peut penser que cette dernière a initié Vivian Maier à la photographie et lui a transmis sa passion.

De retour aux États-Unis, Vivian devient gouvernante pour la famille Gensburg à Chicago. C’est la famille dans laquelle elle passera la plus longue période. Elle exercera ensuite ce métier toute sa vie.

En 1952, elle s’achète un Rolleiflex. Cet appareil moyen-format qui permet de viser par le haut est un excellent outil pour la photographe de rue. En effet, il lui permet de réaliser ses clichés sans être vue, à hauteur de poitrine.

Très secrète, Vivian Maier développe ses films dans sa salle de bain. Au fur et à mesure que les enfants grandissent, elle change de familles. Mais elle demandera toujours que l’on pose un verrou et interdira l’accès à quiconque à son espace privatif. Elle ne montre à personne ses travaux, pas même aux rares personnes dont elle est proche.

Pourtant, lors de ses sorties, elle réalise une quantité incroyable de prises de vues, délaissant même parfois les enfants qu’elle accompagne pour se consacrer à ses prises de vues.

Vivian Maier : une personnalité

Vivian Maier est très mystérieuse. Accumulatrice compulsive, elle stocke littéralement des tonnes de négatifs et de bobines de films. Elle collecte également des journaux par milliers, au point d’en remplir des pièces entières. Elle s’intéresse à la face sombre de l’être humain à travers l’actualité et les faits divers.

Les témoignages des enfants qu’elle a gardés sont contrastés mais révèlent tous une personnalité distante, excentrique et parfois violente.

De taille assez grande, rigide, d’une démarche volontaire quelque peu militaire, Vivian intimide son entourage, adultes comme enfants. Elle affiche en toutes circonstances une détermination sans faille.

Sans le sou, elle termine sa vie dans des conditions compliquées, en proie à des difficultés financières.

En 2007, peu avant sa mort, un jeune homme habitué des marchés aux puces nommé John Maloof, participe à une vente aux enchères et achète un carton de ses photographies. Intrigué par la qualité des clichés, il décide d’investiguer pour découvrir qui se cache derrière ce véritable travail de sociologue. Il finit par acheter l’ensemble de son œuvre stockée dans un garde-meuble toujours payé par les enfants Gensburg.

Son œuvre

Durant toute sa vie, Vivian Maier a sans cesse été accompagnée de son appareil photo. John Maloof a découvert un fonds de plus de 150 000 photographies. Il s’agit principalement de photographies de rue, portraits et architecture. La technique est sûre, les cadrages de grande qualité. Enfin, les choix de la photographe laissent transpirer une grande sensibilité humaine empreinte de malice et d’humour. Son œuvre, bien que très artistique, est sans nul doute un témoignage incontournable d’une époque, de la vie banale de gens ordinaires.

Vivian Maier : de l’anonymat à la reconnaissance ?

Lorsque John Maloof exhume le travail de Vivian Maier, il fait vite le constat de l’immensité du travail de tri et d’archivage à accomplir. Il sollicite les grands musées comme le Tate ou le MoMA, mais aucun d’eux ne veut s’intéresser à ce fonds pourtant incroyable. Il entreprend donc de publier lui-même sur les médias sociaux des clichés de la photographe. Très rapidement, les photographies remportent un énorme succès populaire. Il dévoile au grand public un travail conservé secret par son auteure pendant des décennies. Certains films, en particulier les derniers en couleur, ne sont même pas connus d’elle car non-développés.

Finalement, John Maloof décide d’organiser lui-même des expositions pour faire connaître le regard hors-pair de cette photographe. Si la qualité de sont travail est reconnue aujourd’hui par le grand public et les photographes professionnels, les musées n’ont toujours pas franchi le pas et continuent de bouder l’artiste…

Pour en savoir plus…

Je vous invite vivement à voir le film documentaire intitulé
À la recherche de Vivian Maier (Finding Vivian Maier).
John Maloof y retrace tout son travail d’enquête sur la vie et l’œuvre de la photographe.

Je vous recommande aussi le magnifique ouvrage suivant (en anglais) :
Vivian Maier, a photographer found.

Enfin, pour en savoir plus sur son enfance qui a certainement déterminé sa personnalité :
Vivian Maier révélée

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Letizia Battaglia